• Mitsubishi A6M Zero-Sen

    Histoire :

    Conception

    Le Mitsubishi A6M était un chasseur bombardier embarqué léger utilisé par la Marine Japonaise de 1940 à 1945.

    Alors que le nom de code officiel utilisé du côté allié pour cet avion était 'Zeke', il était mieux connu sous le nom de 'Zero' à cause de sa désignation dans la marine japonaise, chasseur de porte-avions Type 0, c'est-à-dire Rei shiki Kanjo sentoki , abrégé en Rei-sen. Conçu à partir de 1937, sous l'empereur Shōwa par l'équipe de l'ingénieur en chef de Mitsubishi, Jiro Horikoshi, déjà conceptrice du premier chasseur entièrement Japonais, le Mitsubishi A5M Claude, il vola dès le 1er avril 1939.

    Doté d'une excellente manœuvrabilité et d'un très long rayon d'action, grâce à son aérodynamique, à la structure de sa voilure, et sa conception sacrifiant toute forme de protection pour le gain de poids, il surpassa ses premiers concurrents américains, mais ses forces étant aussi ses faiblesses, sa construction légère et son manque de puissance le condamnèrent face aux chasseurs US de seconde génération apparaissant à partir de la bataille de Midway, tels le Republic P-47 Thunderbolt, le Grumman F6F Hellcat, le Chance Vought F4U Corsair et le Lockheed P-38 Ligthning plus fiables, plus rapides, plus robustes, bénéficiant d'un carburant de meilleur qualité, plus riche en octane et surtout d'une méthode de formation plus efficace pour former de nombreux nouveaux pilotes. Cette supériorité initiale du Zéro, vers la fin de 1941, face aux modestes aéronefs américains de l'époque pesa lourd dans la balance lors du choix des Japonnais de lancer l'offensive contre Pearl Harbor .

    A6M2 modèle 11

    Les 15 premiers exemplaires de pré-série furent envoyés en Chine en juillet 1940 pour évaluation en conditions réelles. Le résultat ne se fit pas attendre, et les A6M2 balayèrent du ciel tout ce qui leur était opposé, au point que les Chinois évitaient soigneusement de se battre contre les Zéros avec leurs I-15 et I-16. Les occidentaux qui avaient pourtant la possibilité de s’intéresser au Zéro continuèrent à croire à l’indigence de l’aéronautique nippone. Ils allaient le regretter.

    Le modèle 11 est aussi connu sous le nom A6M2a par opposition au modèle 21 qui est l’A6M2b.

    Production : 64

    A6M2 modèle 21

    Les marins avaient des problèmes avec les saumons des modèles 11 dans les porte-avions. La première évolution du Zéro consista donc à modifier l’aile pour que les saumons soient repliables. Ce sera l’A6M2 modèle 21 (comprendre 2ème type de cellule, 1er type de moteur). Quelques détails évolueront sur le modèle 21 tels que l’apparition d’un contrepoids d’aileron pour soulager l’effort à haute vitesses, un problème récurrent sur le Zéro qui ne sera jamais vraiment corrigé.

    Production : 740

    A6M3 modèle 32

    L’A6M3 modèle 32 fut introduit au printemps 1942 pendant la bataille des Salomon (Guadalcanal). Modification importante : le moteur Nakajima Sakae 12 de 940ch fut remplacé par un NK1F Sakae 21 ou [Ha-35]-21 équipé d’un compresseur à 2 vitesses délivrant 1130ch au décollage. L’implantation de cette nouvelle mécanique plus longue nécessita le déplacement de la cloison pare-feu de 8 pouces au détriment de la capacité en carburant. Le capotage moteur changea de forme et la prise d’air du compresseur fut disposée en haut au lieu du ‘tunnel’ en bas. Les cannons disposaient de 100 obus chacun au lieu des 60 initiaux.

    Mais le changement le plus visible est la disparition des saumons d’ailes repliables pour améliorer le taux de roulis mais aussi la production. Les américains crurent avoir affaire à un nouvel avion qu’ils baptisèrent ‘Hamp’ au lieu de ‘Zeke’, mais ils réalisèrent rapidement leur erreur. La vitesse max passa de 288kt à seulement 294kt

    Production : au moins 343

    A6M3 modèle 22

    Pour essayer de retrouver une autonomie comparable au modèle 21 suite à l’augmentation de la consommation du Sakae 21 et de la diminution du volume du réservoir, les ingénieurs de Mitsubishi installèrent 2 nouveaux réservoirs de 45l dans chaque aile. Pour maintenir la charge alaire équivalente au type 32, les saumons repliables furent restaurés. D’où le type 2-2 (cellule 2, moteur 2). Il est normal que l’A6M3 modèle 22 apparaisse après le modèle 32 ! Quelques modèles 22a reçurent le canon 20mm type 99 modèle 2 mk3 à long tube des futures versions. Quelques modèles expérimentaux basés à Rabaul utilisèrent des canons de 30mm.

    Production : 560

    A6M4

    Il n’y eut pas de série 4, l’A6M4 utilisait un turbocompresseur qui ne fut jamais mis au point. Les japonais eurent beaucoup de déboires avec les turbocompresseurs toute la guerre. De plus, il semblerait que le chiffre ‘4’ homophone du kanji Shi signigfiant mort, ait une symbolique proche de notre ‘13’.

    Certaines sources le citent comme étant la série de prototype ou les premiers exemplaires du modèle 52 basés sur la cellule du modèle 22a pendant la phase de transition.

    A6M5 modèle 52

    N’arrivant toujours pas à mettre au point l’A7M Reppu (et surtout peinant à prendre des décisions), la Marine demanda un appareil amélioré pour faire une jonction qui n’eut jamais lieu. En août 1943, un modèle 22a fut modifié en augmentant l’épaisseur du revêtement des ailes et des saumons de taille réduite furent installés de manière fixe. De plus, le moteur reçut des pipes d’échappement séparées propulsives. Bien que plus lourd de 70kg, le nouveau modèle 52 était plus rapide de 11kt en palier par rapport au modèle 32 mais surtout, sa vitesse maximale en piqué fut augmentée à 660km/h. Mais ces améliorations ne suffirent pas et les Zéro 52 furent massacrés par les Hellcat.

    En mars 1944, le modèle 52a apparut en première ligne. L’épaisseur encore augmentée du revêtement permit une vitesse en piqué de 740km/h (le Corsair piquait à 790km/h). Les canons mk4 reçurent 125 obus chacun (au lieu de 100) par substitution des tambours par des bandes.

    Le modèle 52b vit une réelle amélioration de la capacité à encaisser les coups et à en rendre. Un pare-brise blindé de 50mm ainsi que des extincteurs de réservoirs furent installés. Et une mitrailleuse de capot Type 3 de 13.2mm remplaça une de celles de 7.7mm. C’est probablement la meilleure version menée au combat en aptitudes générales.

    Le modèle 52c lancé dans l’urgence après le massacre des Philippines. Malgré l’obsolescence de la cellule, il fallait améliorer le Zéro car la production du J2M Raidenne démarrait pas. L’A6M5c incorporait un blindage dorsal pour le pilote, un réservoir central auto-obturant et 2 mitrailleuses de 13,2mm d’ailes à l’extérieur des canons. La mitrailleuse de 7.7mm de capot disparaissait. Les ingénieurs réclamèrent à la Marine le droit d’installer le plus gros Mitsubishi Kinsei pour parer à l’augmentation prévisible du poids. Encore une fois, la Marine par un incroyable immobilisme refusa encore et imposa le Sakae 21 en attendant la disponibilité du Sakae 31 dont la puissance devait être supérieure grâce à l’injection d’eau et de méthanol. Les performances s’effondrairent.

    Un chasseur de nuit fut développé à partir du modèle 52 en ajoutant un canon à tir oblique dans le fuselage. C'était l’A6M5d-S, une dénomination officieuse, ‘S’ étant le suffixe des chasseurs de nuit (exemple J1N1-S Gekko).

    Production : modèle 52 : 747+, modèle 52a : 391+, modèle 52b : 470, modèle 52c : 93

    A6M6 modèle 53

    Le prototype du A6M6c (Zéro 53c) vola en novembre 1944. En plus du moteur Sakae 31a (dont la puissance supérieure aux 1130ch du Sakae 21 n’apparaît dans aucun ouvrage), les réservoirs d’ailes de 45l reçurent un revêtement auto-obturant. La vitesse maxi de 300kt (5 de moins que le 52) en utilisant l’injection d’eau n’était que théorique car la qualité de fabrication des moteurs et des cellules baissait dangereusement par manque de matières premières de qualité et par déficit de compétence de la main d’œuvre. Les ouvriers qualifiés étant embrigadés dans l’armée. De plus, les raids des B-29 sur les usines de moteurs n’allaient rien arranger.

    Production : pas de chiffres, ce qui est certain, très peu. Un seul prototype selon certaines sources.

    A6M7 modèle 63

    Les unités combattantes modifiaient les support de réservoirs centraux pour y accrocher une bombe de 250kg sur les versions précédentes. Ce sera fait de série sur l’A6M7 modèle 63.

    Destiné à être utilisé comme un bombardier en piqué, le modèle 63 avait un support de bombe et des points d’ancrage pour deux réservoirs externes de 350l d’ailes et un plan arrière au revêtement épaissi pour résister aux efforts. La production démarra en mai 1945.

    Production : pas de chiffres, et comme pour l’A6M6c, peu.

    A6M8 modèle 54/64

    Comme Nakajima se concentrait sur la production du puissant moteur 18 cylindres 2000ch Homare devenu prioritaire, il fallait arrêter lentement la production du Sakae. Mitsubishi fut alors enfin autorisé à utiliser le fiable et performant moteur Mitsubishi 14 cylindres MK8P Kinsei 62 [Ha-33]-62 de 1560ch. Cette mécanique éprouvée avait été efficacement adaptée sur le Ki-61de l’armée (d’où le Ki-100) et les D4Y de la marine. Comme le Kinsei était plus gros, il nécessita un nouveau capotage et la mitrailleuse de capot disparut. Depuis le début du programme, le rapport poids-puissance augmenta enfin. Le premier prototype fut fini en avril 1945 et les résultats encourageants poussèrent la Marine à commander pas moins de 6300 A6M8 ! Aucun cependant ne verra le combat car le marasme provoqué par les bombardements et la pénurie de matériaux avait totalement désorganisé la production. Les prototypes de l’A6M8 ont utilisé des cellules de 52c d’où l’appellation Zéro 54, mais les exemplaires de série devaient utiliser la cellule du modèle 63, d’où l’appellation Zéro 64.

    Production : 6300 prévus, pas d’exemplaire de série

    Engagements

    Le Mitsubishi A5M Claudeentrait juste en service au début de l'année 1937 lorsque la Marine Impériale Japonaise se mit à la recherche d'un éventuel successeur. En mai, elle avait mis au point un certain nombre de spécifications pour un nouveau chasseur embarqué qui fut envoyé à Nakajima et à Mitsubishi. Les deux entreprises commencèrent leur travail tout en attendant des détails supplémentaires.

    Se fondant sur l'expérience de l'A5M en Chine, la marine japonaise envoya ces informations complémentaires en octobre et demanda ainsi une vitesse de 500 km/h à 4000 m et une vitesse ascenscionnelle de 3 000 m en 3,5 min. Ils avaient besoin d'un rayon d'action de 2 heures à puissance normale qui devait monter jusqu'à 6 ou 8 heures en vitesse économique avec des réservoirs supplémentaires. L'armement devait comporter deux canons de 20 mm et deux mitrailleuses de 7,7 mm, et l'avion devait pouvoir emporter deux bombes de 30 ou 60 kg. Tous les futurs 'Zero' devaient être pourvus d'un équipement radio. Enfin, la manœuvrabilité devait être au moins aussi bonne qu'avec l'A5M, tandis que l'envergure devait être inférieure à 12 m pour pouvoir tenir sur les porte-avions.

    Nakajima trouva les nouvelles spécifications ridicules tandis que le chef de l'équipe de Mitsubishi convint qu'elles pouvaient être respectées mais seulement si l'on fabriquait l'avion aussi léger que possible. Ainsi tout fut mis en œuvre pour gagner en poids, les concepteurs firent un usage intensif du nouvel alliage duraluminium.

    À l'heure de Pearl Harbor, il y avait seulement 420 'Zeros' actifs dans le Pacifique. Il furent supérieurs à leurs homologues américains jusqu'en 1943 mais restèrent mortels entre de bonnes mains jusqu'à la fin de la guerre. Plus de 11 000 exemplaires en furent produits grâce à sa facilité de construction.

    Conçu pour l'attaque, le 'Zero' était un modèle de manœuvrabilité, de puissance de feu au détriment de la protection car seules les dernières versions furent munies d'un blindage, malheureusement bien dérisoire. De ce fait, beaucoup de 'Zeros' furent perdus au combat dès que les alliés abandonnérent le dogfight (combat tournoyant) privilégiant l'appareil le plus maniable, pour le yoyo ou attaque en piqué puis ressource en binômes favorables aux appareils plus puissants et présentant une plus grande inertie par leur blindage. Un seul coup au but était en général suffisant pour le détruire.

    Lorsque les États-Unis maîtrisèrent la technique d'attaque du 'Zero', de nouveaux avions comme le F6F Hellcatou le Chance Vought F4UCorsair furent construits, qui surpassèrent le 'Zero' sur tous les points, sauf en ce qui concernait la manœuvrabilité. Mais pour corriger ce défaut, il suffisait aux pilotes américains de se rappeler les tactiques efficaces. Ainsi, le rapport de 1 avion japonais descendu pour 1 avion américain passa à 10 pour 1. Le gouvernement japonais ne resta pas, cependant, statique et de nouveaux avions comme le Kawanishi N1K1-J Shiden(Eclair Violet) « George » et surtout le Nakajima Ki-84 Hayate « Frank » furent d'excellents chasseurs et firent face aux modèles plus tardifs des États-Unis dans un rapport de force désespéré.

     

     
    Mitsubishi A6M
    Rôle Avion de chasse
    Equipage
    1 pilote
    Motorisation
    Moteur Nakajima Sakae 12 de 925 ch
    Dimensions
    Envergure 11 m
    Longueur 9,12 m
    Hauteur 3,51 m
    Surface alaire 22,44 m²
    Masses
    À vide 1 680 kg
    Maximale 2 500 kg
    Performances
    Vitesse maximale 561 km/h
    (
    Mach 0,45)
    Plafond 10 000 m
    Vitesse ascensionnelle 1 377 m/min
    Distance franchissable 1 680 km
    Armement
    Interne 2 canons Type 99 de 20mm et 2 mitrailleuse type 97 de 7,7mm
    Externe 2 bombes (30 ou 60 kg)

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