• Piasecki H-21 Workhorse (Banane volante)

     

    Historique et utilisation

    Le H-21 ( Vertol 44 ) est un hélicoptère lourd développé par la Piasecki Aircraft Corporation, créée en 1946 aux Etats Unis. Officiellement dénommé "WorkHorse", aux Etats Unis, il est plus connu en France par son surnom de "Banane volante".

    Cet hélicoptère, dérivé du HRP-2 plus petit et plus léger, fit son premier vol le 11 avril 1952. Il a battu en son temps plusieurs records d'altitude et de vitesse.

    Le H-21 a connu un grand succès militaire, car c'était un appareil de grande capacité et d'une fiabilité certaine. Les principaux utilisateurs de cette machine furent l'US Army, l'US Navy, la RFA, la France (Armée de Terre et Marine Nationale), le Japon et la Suède.

    La Banane Volante a été très utilisée, par l'US Army au Viêt-nam pour l'acheminement des troupes au combat, mais également par l'US Navy pour des missions de recherche et de sauvetage (SAR : Search And Rescue). Elle était armée de mitrailleuses légères, tirant par les portes latérales.

    L'Armée de Terre et la Marine françaises utilisèrent 108 H-21 de manière intensive en Algérie. Elle permettait de réaliser, en combinaison avec le H-34, des opérations de transport d'assaut.

    Lundi 8 avril 1957 : Boule de feu sur le Mimouna

    Depuis deux jours, les soldats français sont engagés dans une opération dont l'épicentre se situe à mi-chemin entre Bou-Saada et Biskra, dans le sud de l'Algérie, aux portes du désert. Ratissages et bouclages se succèdent sans que la bande d'un certain Djoghlaf Abd El Kader ne puisse être  localisée avec précision. Cependant, au soir du 7 avril, des renseignements recueillis sur le terrain laissent penser que les rebelles se sont réfugiés dans le djebel Mimouna dont les grottes abriteraient une véritable caserne souterraine.

    Le 8 avril, dès l'aube, le Mimouna est cerné par les fantassins et les chars qui soulèvent des nuages de poussière, tandis que trois hélicoptères Banane
    du GH 2 se préparent à héliporter au sommet un commando du 9ème Bataillon de Tirailleurs Algériens (9ème BTA). Les équipages des trois appareils sont constitués par le capitaine Scherrer et l'adjudant Gorgol, le lieutenant Tallet et le sergent-chef Paul, le sergent-chef Huschard et le sergent-chef Hoinville.

    Au préalable, des T-6
    de l'EALA 15/72 en détachement à Bou-Saada, traitent à la roquette et à la mitrailleuse un piton escarpé qui domine l'ensemble des crêtes. Leur intervention est destinée à débarrasser l'endroit d'éventuels tireurs ennemis afin que les hélicoptères puissent y déverser leur cargaison d'hommes en toute quiétude.

    Les sticks embarquent dans le ventre des H 21 dont les pales brassent l'air matinal qui va vite se réchauffer avec le soleil saharien. Le leader de la formation, le capitaine Scherrer, décolle le premier. Ancien officier parachutiste qui a débuté dans les fameux S.A.S.
    en Angleterre, Scherrer a traîné ses guêtres en Malaisie durant la Seconde Guerre mondiale, avant d'effectuer trois séjours en Indochine sous le béret rouge. C'est un pilote doué, doté d'une mémoire visuelle phénoménale qui lui permet de retrouver un point précis dans une montagne couverte de forêt.

    Les T-6
    achèvent leur dernière passe lorsque, semblable à une grosse libellule, l'hélicoptère du capitaine Scherrer pose ses deux roues arrière sur un rocher proche du sommet. Par la porte latérale, huit hommes sautent et se jettent aussitôt à plat ventre. Puis l'appareil se soulève doucement et recule pour pouvoir se dégager. À ce moment précis, un jet d'épaisse fumée noire monte tout droit vers le ciel.
    - Dégagez, on se fait tirer dessus !
    hurle le capitaine Scherrer sur les ondes.
    Ce seront ses derniers mots. Une boule de feu explose, coupant en deux l'hélicoptère qui dévale la paroi à-pic avant de s'écraser un peu en dessous de la ligne de crête, sur des arbres.

    Aussitôt, l'agitation atteint son paroxysme. À la radio, des cris et des jurons montent. Ordres et réponses s'entremêlent. Le commando, qui vient de débarquer avec peu d'armes et de vivres, est complètement isolé. Une voix affolée surgit alors dans les haut-parleurs des radios :
    - Nous sommes tombés en plein milieu des fells, mon lieutenant vient d'être tué, nous sommes tirés comme des perdreaux, je n'ai que des blessés autour de moi. Ils viennent d'abattre l'hélicoptère qui nous a amenés. Venez vite au secours !

    Cet appel est lancé par le radio du groupe héliporté de tirailleurs, un jeune appelé du contingent, seul européen survivant. En l'air, le lieutenant Tallet, pilote du second hélicoptère, a assisté à la tragédie. Il survole les débris de l'appareil en espérant que le capitaine Scherrer et l'adjudant Gorgol, le copilote, ont eu la chance de s'en sortir. Bien que la cabine soit intacte, les deux hommes, toujours attachés à leur siège, paraissent sans vie.
    À l'appel de détresse des tirailleurs, le commandant de l'opération répond en envoyant les
    T-6  qui mitraillent et expédient des roquettes pour couvrir les légionnaires et les sahariens qui gravissent les pentes pour dégager les survivants. Des bimoteurs Dassault 311 du G.O.M. 86 armés de missiles SS 11
    sont appelés à la rescousse pour attaquer les grottes à flanc de falaise. Les combats font rage, sous une chaleur étouffante.

    En fin de journée, une Banane
    pilotée par le lieutenant Tallet se pose, uniquement sur sa roulette avant en l'absence de plate-forme, pour embarquer les blessés et les rescapés de l'héliportage. L'évacuation vient à peine de commencer qu'une balle traverse la coque de l'hélicoptère. Resté aux commandes, moteur tournant, Tallet met les gaz et s'apprête à décoller sans attendre d'autres impacts, ni même son copilote. Le sergent-chef Paul se précipite alors, monte en voltige, met le pied entre la tête et le bras d'un cadavre allongé sur le plancher.
    Les corps du capitaine Scherrer et de l'adjudant Gorgol seront redescendus dans la vallée le lendemain. Le portage s'avérera difficile en raison du terrain, de la chaleur et de la soif.

    Malgré le bouclage et la venue de renforts dont des parachutistes du 1er RCP déposés par douze Nord 2501, la bande de Doghlaf Abd El Kader parvient à s'échapper en ne déplorant que de faibles pertes. Le dernier soir de l'opération, à sept heures du soir, alors que le soleil est bas sur l'horizon, les pilotes de T-6
    effectuent quelques passages en rase-mottes, non loin du sommet du Mimouna. Ils remarquent alors que l'ombre de chaque touffe d'herbe est très allongée, semblable à un alignement d'arbres espacés. Des rafales sont lâchées sur ces formes étranges. Lorsque les légionnaires atteindront la crête, ils découvriront que chaque touffe camouflait un bidon retourné, percé de meurtrières, dans lequel était dissimulé un tireur. L'ensemble était parfaitement invisible !

    Les Bananes volantes
    du GH 2 seront de tous les combats qui se dérouleront dans l'Est de l'Algérie. Elles participeront notamment à la  bataille de la frontière algéro-tunisienne qui atteindra son paroxysme à la fin du mois d'avril 1958 par la bataille de Souk-Ahras.
    De 1955 à 1962, les hélicoptères du GH 2 (Bell, Alouette II, Sikorsky H 19, Vertol H 21) effectueront  en Algérie 190.745 heures de vol (dont 87 344 pour les H 21) en transport de combattants, fret et blessés (20.329 ramassés et/ou évacués, dont 2 199 de nuit). Huit officiers et vingt-trois sous-officiers périront en Service Aérien Commandé.

    Versions et descendance

    Le H-21 a existé en 3 versions dénommées A, B et C. La version A est reconnaissable à la forme arrondie de sa porte principale et à ses 7 hublots. Les versions B et C, qui ne différent que par la présence ou l'absence d'un pilote automatique, comportent 9 hublots.

     

    En Mars 1956, la Piasecki Aircraft Corp. devient la Vertol Aircraft Company et continue la conception et la production d'hélicoptères bi-rotor en tandem sans toutefois s'inspirer directement du H-21. En 1960, la société est rachetée par Boeing et devient sa division hélicoptères, spécialisée dans les grands hélicoptères. C'est ainsi que le H-21 peut-être considéré comme étant l'ancêtre du célèbre CH-47 Chinook.

    Caractéristiques techniques

    Généralités
    Constructeur : Piasecki puis Boeing Vertol
    Premier Vol : 11 avril 1952
    Type : hélicoptère de transport tactique
    Motorisation : 1 Wright R-1820-103 Cyclone de 1425 cv
    Capacité : 2 pilotes + 20 passagers
    Nombre d'appareils produits : environ 1000
    Pays utilisateurs : USA, France, RFA, Japon, Suède...
     
    Dimensions
    Longueur fuselage : 16,00 m
    Longueur hors tout : 26,20 m
    Hauteur : 4,70 m
    Diamètre rotors : 13,50 m
    Masse à vide : 3632 kg
    Masse maxi : 6810 kg
     
    Performances
    Vitesse maxi : 211 km/h
    Plafond opérationnel : 2880 m
    Autonomie : 480 km


    Profil de l'hélicoptère :


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