• SO-9050 Trident

    Très intéressés par les intercepteurs de Lucien Servanty, les Services Officiels, après que le SO 9000-01 eut prouvé qu'il était "volable", attendirent assez peu de temps pour passer commande en 1954 de deux prototypes du véritable "avions d'armes" : les SO-9050 (marché n° 3038/54).

    Extérieurement assez semblables à leurs prédécesseurs, ces appareils allaient cependant présenter un certain nombre de différences :

    - la voilure avait eu son épaisseur relative fixée à 6,5 % (moyenne entre les profils des SO 9000-01 et 02). Elle était par ailleurs similaire à celle des premiers " Trident ", avec un bord de fuite totalement occupé par des volets de courbure à double fente,

    - la cabine de pilotage n'était plus largable, bien que l'on ait pris la précaution de se réserver structurellement la possibilité de revenir à cette solution.

    Le pilote disposait d'un siège éjectable "maison" du type E 105 B,

    - II n'y avait plus que deux aérofreins, en haut du fuselage, un peu en arrière des bords de fuite de la voilure.

    - L'atterrisseur, à plus large voie, était désormais équipé de pneus à moyenne pression. Surtout, les jambes de train avaient été allongées, pour permettre de davantage cabrer l'avion au décollage (à propos du SO-9000, un des gros reproches avait été la courte garde au sol des gouvernes durant cette phase du vol).

    - Les turboréacteurs prévus étaient des Turboméca "Gabizo" à postcombustion mais ceux ci n'étaient pas encore disponibles. Sur ces prototypes ils furent donc remplacés par des Dassault MD 30 (" Viper ") identiques à ceux montés tardivement sur le SO 9000-01 (745 kgp).

    - Le moteur-fusée était un SEPR 63 avec deux chambres fournissant chacune l 500 kgp (au lieu de 3 sur le SO-9000 : la capacité de combustible demeurant la même, cela signifiait une poussée moindre mais une durée de fonctionnement augmentée de 50 %).

    Le premier vol du SO-9050-01 eut lieu le 19 juillet 1955, avec Charles Goujon qui allait également effectuer son premier vol avec fusées le 21 décembre. Le n° 02 apparaissait alors. Il vola le 4 janvier 1956 avec Jacques Guignard mais fut détruit durant son second vol, à Istres, lorsque le même pilote subit une panne d'alimentation de carburant, en retour de mission. Cette fois Guignard s'en sortit indemne.

    Le 01 se retrouva alors seul. Fort heureusement le constructeur avait lancé de sa propre initiative et à ses frais, la construction d'un troisième prototype. Celui-ci était destiné à l'expérimentation de dispositifs de télé pilotage, destinés à une version ultérieure du "Trident", sans pilote. Il était équipé et câblé en conséquence. Cet appareil vola le 30 mars 1956. Le même jour il était loué par l'état, qui allait en effectuer l'achat un an et demi plus tard, le ler octobre 1957 (marché n° 4331/56). Cet appareil prit donc la place du 02, au lieu d'effectuer les essais "privés" initialement envisagés.

    Durant l'année 1956 les deux prototypes se partagèrent l'important programme d'essais, le 01 se spécialisant plutôt dans l'exploration du domaine des hautes performances et le 03 servant surtout aux essais à basses et moyennes vitesses : ce fut ainsi que, tandis que le premier atteignait un Mach (vrai) de 1,60, passait des tonneaux à M = 1,30 et 14500 m d'altitude et essayait les aérofreins en vol supersonique, le second effectuait des décrochages, explorait le domaine subsonique élevé et se révélait capable de se poser à seulement 170 km/h.

    Outre les pilotes du constructeur, ceux du centre d'essais en vol effectuèrent toute une série de vols sur ces appareils. A la suite de ceux-ci ce service publia une liste de critiques, recommandations ou souhaits pouvant ainsi se résumer :

    - visibilité du pilote, toujours insuffisante :

    - roulement au sol en gros progrès depuis le SO 9000, grâce au nouveau train d'atterrissage :

    - bonne efficacité des aérofreins, sans couple, même en vol supersonique :

    - oscillations en roulis et lacet à bases vitesses, notamment avec les volets sortis :

    - forte instabilité sur les trois axes, en transsonique, entre M = 0,90 et 0,94, encore accentuée par la présence de l'engin. On signalait notamment le classique " snaking ".

    Certains des phénomènes gênants paraissaient dus à des interférences entre la voilure et les nouveaux réacteurs, de plus grandes dimensions que ceux des SO 9000. Des modifications de ce côté, puis l'adjonction d'un amortisseur de lacet SFENA, améliorèrent par la suite les qualités de vol à basse vitesse et en transsonique.

    Ce ne fut que le 13 mai 1957 que le 03 effectua son premier vol avec fusée. Jusque là il était resté équipé de façon assez différente du 01, du fait de sa vocation initiale. Quelques jours plus tard, le 21 mai, le 01 effectuait son 152e vol, avec Charles Goujon : une répétition de la démonstration prévue au Salon du Bourget. A l'issue d'un passage dos, d'une ressource et d'un demi tonneau pour se rétablir, l'avion se désintégra en piqué, dans une forte lueur. Le pilote fut tué en tentant de s'éjecter.

    La cause précise du drame ne fut jamais élucidée : rupture de structure due à des efforts anormaux (problèmes de servo-commandes, couplage) ou double fuite de furaline et acide nitrique aboutissant au mélange détonnant ? Le constructeur pensa à l'explosion d'un accumulateur hydraulique.

    Le 03 fut alors amené totalement au standard de son prédécesseur et continua à voler intensivement jusqu'à la fin de 1957. Il effectua par exemple à Istres des essais de décollage et atterrissage "hors piste" (sur le terrain caillouteux de la Crau). A la date du 1er janvier 1958 il totalisait 164 vols, dont seulement 15 avec fusée. Alors l'attention était surtout orientée vers les appareils postérieurs : les SO 9050 de présérie, dits "Trident III ".

    Caractéristiques :

    Nationalité : Française
    Constructeur : Sud-Ouest
    Date du premier vol : Mars 1953
    Date de mise en service : 1953
    Nombre d'exemplaire : 3
    Rôle : Chasseur
    Equipage : 1
    Envergure : 6.95 m
    Longueur : 13.26 m
    Hauteur : 3.20 m
    Surface alaire : 14.50 m
    Poids à vide : 2 910 kg
    Poids maxi au décollage : 5 900 kg
    Moteur : Deux Turboméca 'Gabizo' et une fusée SEPR 632
    Puissance : 1 500 kgp unitaire et 3 000 kgp pour la fusée
    Vitesse maxi : 2 400 km/h
    Plafond : 21 000 m
    Armement :
    Projet de missiles

    Profil de l'appareil :

    Plan trois vues de l'appareil :

    Photos de l'appareil :


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