Désirant remplacer ses vieillissants avions d'entrainement Cessna T-37C Tweet , la Force Aérienne Brésilienne, la FAB (Força Aérea Brasileira), au cours des années 70, se lança à la recherche d'un nouvel avion. Mais, le Brésil à cette époque était sous embargo et donc cela contraignit le choix du futur appareil devant équiper l'armée. Ainsi, comme le Brésil ne pouvait en aucun cas acheter à l'étranger, il se tourna vers sa propre industrie aéronautique.
C'est donc pourquoi, le Brésil lança en 1977, un appel d'offre pour un avion d'entrainement. A cet appel, deux constructeurs, les principaux, y répondirent : Neiva avec son projet du nom de YT-25B Universal II et Embraer avec son EMB-301. Le premier étant déjà en service au sein de la FAB mais dans sa version T-25 Universal. Après mûre réflexion, la FAB se pencha vers Embraer et son EMB-301. Elle lui demanda donc de poursuivre le développement d'un avion d'entrainement avancé avec si possible une capacité d'attaque au sol (légère).
Une équipe d'ingénieurs dirigée par Joseph Kovacs se lança ainsi dans la réalisation d'un tel appareil à partir de janvier 1978. Il en découla donc l'Embraer EMB-312 (désignation française). Ce dernier était un avion biplace, monomoteur, monodérive, monoplan à aile basse cantilever avec un train d'atterrissage tricycle entièrement rétractable vers l'intérieur du fuselage. Les sièges éjectables sont des Martin Baker et le tout est mû par un turbopropulseur Pratt & Whitney PT6A d'une puissance de 750 ch entrainant une hélice tripale. Aussi, l'avion est construit avec un alliage léger ce qui explique donc sa faible masse de seulement 1 810 kg à vide.
Embraer EMB-312 Tucano brésilien Ainsi créer, le ministère de la Défense brésilien passa donc commande le 6 décembre 1978 de deux prototypes et deux cellules d'essai statique pour évaluation. Le premier vol de l'appareil eut pour date le 16 août 1980 pour le premier prototype et le 10 décembre pour le second. Une fois livrés et évalués, la FAB valida les performances de l'avion et approuva sa mise en production sous la désignation de T-27 (T pour entrainement) "Tucano", qui signifie en français "Toucan". Plus tard, une deuxième version vit le jour, le AT-27 (A signifiant Attack). Cette version était principalement caractérisée par quatre points d'emport sous les ailes permettant notamment l'installation de bombes de 450 kg ou encore des mitrailleuses de 12.7 mm en pods. C'est cette version qu'utilise actuellement les brésiliens dans le rôle de lutte anti-guérilla et contre les narcotrafiquants.
Un EMB-312 Tucano de l'Armée de l'Air sur la base d'Avord en 2008Entrant en service en 1983, le Embraer EMB-312 Tucano connu un certain succès auprès des brésiliens et démontra également un excellent potentiel que d'autres force aériennes ne mirent pas longtemps à s'en apercevoir. En effet, c'est notamment le cas des anglais mais aussi des français. Pour les premiers, cherchant à remplacer les vénérables BAC Jet Provost, la RAF (Royal Air Force) sélectionna l'appareil afin d'être construit sous licence en Irlande du Nord à Belfast par la société Shorts Brothers, qui elle devait inclure en plus une turbine Garret en lieu et place de la turbine de Pratt & Whitney, ainsi que des équipements spécifiques au Royaume-Uni. Au total, 130 exemplaires y seront produits.
Du côté français, le cas est presque similaire. En effet, désirant aussi remplacer ses Fouga Magister, l'Armée de l'Air s'est vu proposé une version spécialement produite pour elle, le EMB-312F. Cette version est motorisé par un Pratt & Whitney PT6 A-25C, possède une structure renforcée et aussi une avionique française compléter par un aérofrein ventral. Au total, l'Armée de l'Air en possède 47 exemplaires basés dans le sud de la France à Salon de Provence.
D'autres forces aériennes hormis la France et la Grande Bretagne se sont portées acquéreurs de l'avion. C'est le cas de l'Argentine avec 30 exemplaires, l'Égypte avec 144 exemplaires dont 10 fabriqués sous licence par les arsenaux égyptiens, le Honduras avec 12 exemplaires, l'Iran avec 25 exemplaires, le Paraguay avec 5 exemplaires, le Pérou avec 30 exemplaires, le Venezuela avec 31 exemplaires et enfin la Colombie avec 14 avions. Il faut rajouter à cette liste, 16 exemplaires vendu au Koweït par Shorts Brothers et 12 exemplaires au Kenya. Aussi, 8 Tucano péruviens ont été vendus à l'Angola.
Une troisième version de l'avion a également vu le jour. En effet au cours des années 90, l'USAF lança un concours nommé JPATS (Joint Primary Aircraft Training System) afin de trouver un nouvel avion d'entrainement. Embraer proposa donc une toute nouvelle version de l'avion, le EMB-312H. Cette dernière se caractérisait par un fuselage allongé mais aussi une avionique des plus moderne ainsi qu'un moteur poussé à 1 600 ch. Mais cette version trouva plus fort, le PC-9 TEXAN proposé par le suisse Pilatus. C'est ce dernier qui remporta cette compétition et l'avion changea de désignation pour T-6 Texan II et entra en production aux États-Unis. Pour autant, Embraer n'abandonna pas sa version qui allait devenir plus tard le EMB-314 Super Tucano. Au total, plus de 600 exemplaires ont été construits en faisant un appareil très appréciés de ces opérateurs. La preuve, Esquadrilha da Fumaça, la patrouille nationale brésilienne de voltige l'utilise à hauteur de six exemplaires.
Esquadrilha da Fumaça en pleine manuvre lors d'un meeting en 2006 Caractéristiques :
Nationalité : Brésilienne
Constructeur : Embraer
Date du premier vol : 16 août 1980
Date de mise en service : Septembre 1983
Nombre d'exemplaires construits : plus de 600
Rôle : Avion d'entrainement
Équipage : 2
Envergure : 11.14 m
Longueur : 9.96 m
Hauteur : 3.40 m
Surface alaire : 19.40 m²
Poids à vide : 1 810 kg
Poids maxi au décollage : 3 175 kg
Moteur : Un Pratt & Whitney PT 6A-25C
Puissance : 750 ch
Vitesse de croisière : 320 km/h
Vitesse maxi : 448 km/h
Plafond : 9 150 m
Autonomie : 2 055 km
Armement : Quatre points d'emport sous les ailes pour bombes, missiles ou mitrailleuses de 12.7 mm pour un poids de 450 kgEMB-312 Tucano péruvien