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    Historique et utilisation

    En 1952, l'US Navy désirait un hélicoptère de lutte anti-sous-marine plus moderne que le S-55 (H-19). La firme Sikorsky conçut alors le S-58 (H-34), qui effectua son premier vol le 8 Mars 1954.

    Cet appareil reprenait la formule qui avait fait le succès de son aîné avec de nombreuses améliorations sur la forme du fuselage et les transmissions.

    Le premier appareil de série fut prêt dès le mois de septembre de la même année et entra aussitôt en service dans l'US Navy en version HSS-1. L'US Army et l'US Marine Corps passèrent leurs premières commandes respectivement en 1955 et 1957.

    En France, pour faire face aux besoins de la guerre d'Algérie, Sud Aviation assembla 135 H-34 et en construisit 166 sous licence.

    Conçu comme chasseur de sous-marins, le H-34 fut principalement utilisé en tant qu'hélicoptère militaire de transport. Il fut largement employé par les Américains au Viêt-nam, sous l'appellation de "Choctaw", pour le transport de troupes.

    Il fut également utilisé par la France, en Algérie comme transport de troupes dans un premier temps. Il constituait alors une cible privilégiée. Cependant, la ténacité du Colonel Brunet en fit un hélicoptère d'appui au sol et d'assaut, surnommé "Pirate", équipé d'un armement lourd. Il devint alors moins vulnérable et beaucoup plus redouté.

    Le S-58 fut peu utilisé en version civile.

    L'avion à plumes.

    Lorsque au début de la rébellion les maquisards algériens  ont vu apparaître les hélicoptères dans le ciel, ils les ont baptisés l'avion à plumes à cause de leur voilure tournante.

    Utilisé essentiellement pour des évacuations sanitaires  à la fin de la Guerre d'Indochine, l'hélicoptère possédait les qualités requises pour jouer un rôle de premier ordre dans la contre-guérilla. Dans l'immensité du territoire algérien et la diversité de son relief, il présentait l'avantage de pouvoir se poser dans les endroits inaccessibles aux véhicules, d'épargner aux troupes à pied de longues et épuisantes heures de marche et d'escalade, mais aussi de sauver des vies en évacuant rapidement les blessés. De plus, une utilisation tactique permettant d'amener rapidement et par surprise des troupes au plus près de l'adversaire et de la bataille, allait  métamorphoser l'hélicoptère en un véritable engin de combat. Pourtant, au milieu des années 50, peu d'hommes croyaient en cette machine fragile, tributaire de la météo et de l'altitude. Seuls quelques baroudeurs exceptionnels allaient contribuer à son succès : le colonel Brunet pour l'Armée de l'Air, le lieutenant-colonel Crespin pour l'Aviation Légère de l'Armée de Terre et le capitaine de corvette Babot pour l'Aéronavale. Tous trois n'auraient pas réussi sans la complicité de véritables chefs de guerre tel que le colonel Bigeard qui avec ses parachutistes fut l'un des premiers à expérimenter l'héliportage d'assaut.

    Si au début de l'insurrection à peine quelques spécimens survolaient les djebels, des formations regroupant des hélicoptères légers, moyens et lourds ont fini par voir  le jour dans des conditions  difficiles, souvent contre vents et marées. Grâce à l'audace et à l'ingéniosité de leurs chefs et des équipages, des appareils ont été armés, des doctrines d'emploi élaborées et affinées. Que de chemin parcouru depuis la guerre d'Indochine où  l'on pensa interdire le port du macaron de pilote à des hommes que l'on ne prenait pas au sérieux et pour lesquels on n'avait pas prévu de relève !

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    3 février 1960
    Collision en plein vol


    Le Pirate est le surnom donné à un hélicoptère lourd de l'Armée de l'Air que l'on a armé d'un canon de 20 mm sur affût à la porte du cargo, et de deux mitrailleuses de sabord. Il s'agit du H 34  (ou Sikorsky S.58) qui, ainsi équipé, peut tournoyer au-dessus d'un point à surveiller, les armes toujours pointées vers la zone suspecte. Il peut intervenir à tout instant, contrairement aux avions qui ne peuvent que faire des passes intermittentes et dont l'axe de tir n'est pas mobile. C'est un gage de sécurité extraordinaire pour les équipages d'hélicoptères en phase finale d'approche sur des zones inhospitalières.

    Le 3 février 1960, le lieutenant Miahle, leader Pirate à l'Escadre d'Hélicoptères N° 3, arrive de Sidi-Aïch après 45 minutes de vol afin de participer à une opération  en Petite Kabylie. La veille, il a assisté à un grand briefing au cours duquel les consignes ont été données pour une action d'envergure dans le massif du Babor. C'est l'époque des grandes opérations menées par le général Challe et dont le but et de balayer toute l'Algérie d'ouest en est afin de débusquer les bandes rebelles réfugiées dans les djebels. La surprise étant de mise, une coordination très pointue des héliportages s'impose, avec un posé simultané du maximum de commandos. Des Bananes (hélicoptères surnommés ainsi en raison de leur forme) de l'aéronavale participeront également à l'action. La D.Z. (zone de posé) la plus à l'Est est octroyée aux marins, tandis que les deux autres sont affectées aux deux D.I.H. (Détachement d'Intervention Héliporté) de l'Armée de l'Air, le plus à l'ouest. Tout est parfaitement minuté car beaucoup d'appareils seront concentrés dans un petit volume, d'où une organisation parfaite de l'espace aérien en deux parties. Une fréquence radio sera attribuée à chaque zone afin d'éviter la cacophonie sur les ondes. La patrouille de T-6 qui doit assurer la protection de la D.Z. Est
    doit intervenir face au nord et donc dégager par la droite, manœuvre qui n'est pas naturelle, un chasseur ayant le réflexe de virer à gauche après un passage.

    Il est huit heures et le soleil est encore bas sur l'horizon. Pendant que les hélicos chargent les commandos, Miahle repère la D.Z., une arête rocheuse nue, en contrebas du sommet du Babor, à près de 2 000 mètres d'altitude. Ne décelant aucun danger, le lieutenant décide de ne pas faire actionner les mitrailleuses de son appareil. Il survole la D.Z. afin de larguer un fumigène. Soudain, alors qu'il vient de remettre les gaz, un choc violent secoue l'appareil qui embarque vers la droite. Le lieutenant Miahle aperçoit alors un T-6 sur le dos qui explose au sol. Les deux tireurs du Pirate
    annoncent dans l'interphone qu'ils voient un énorme trou dans la queue. Miahle réalise alors la collision, sans en imaginer l'extrême gravité.

    - Pirate, je me crashe
    , signale t-il par radio.
    Tout se déroule très vite. Puisqu'il n'y a plus de fonction anti-couple, il faut baisser le pas, c'est-à-dire supprimer le moteur et descendre en auto-rotation pour annuler la rotation de l'appareil. Miahle aurait pu décider de rallier la vallée 1 000 mètres plus bas pour trouver une zone plane. Heureusement, la proximité de la montagne l'incite à rejoindre le sol immédiatement, car il ignore que la queue du H 34
    est coupée au niveau de la cocarde. Elle pend, retenue seulement par les deux petits câbles de commande du rotor arrière. Si elle venait à se détacher, le centrage dépasserait les limites avant et l'appareil piquerait comme un caillou.
    La queue touche le sol en premier, faisant basculer le Pirate vers l'avant. L'arête rocheuse est inclinée et le H 34
    se couche sur le côté, glisse puis stoppe une fraction de seconde. Miahle croit que c'est gagné, mais la glissade reprend sur une pente plus forte.
    - Cette fois-ci, c'est la fin,
    grommelle t-il en se remémorant l'à-pic.
    Une seconde après, l'hélicoptère s'immobilise définitivement, retenu par un arbuste. Le silence succède au vacarme de la glissade. Coincé du côté du rocher, le copilote lâche :
    -
    Après vous, mon lieutenant !
    L'équipage est sain et sauf, sans une égratignure. Le ventre et le flanc droit du Pirate
    sont déchiquetés. Les réservoirs sont crevés et l'essence coule. C'est un miracle si le cargo, pourtant chargé de munitions explosives, ne s'embrase pas.
    Les premiers commandos posés à terre reçoivent l'ordre de se diriger rapidement vers le Pirate
    , non sans être accrochés dans leur progression par des fellaghas. L'équipage miraculé sera récupéré sain et sauf.
    Pourquoi cette collision ? Le T-6 aurait dû dégager à droite, mais dès l'instant où il a viré à gauche, il ne pouvait voir le Pirate qui était dans le soleil. De plus, Miahle ne l'a pas vu surgir car il était derrière. L'aile droite du T-6 s'est détachée après avoir heurté la queue du H 34
    au niveau de la cocarde.
    Deux jours plus tard, aux obsèques du pilote de T-6, le lieutenant Miahle aura l'explication. En fait, l'équipier qui était en entraînement leader, avait assisté la veille au briefing. Seulement, au cours du vol, sa radio est tombée en panne. Après un battement d'aile, le lieutenant Latapie est passé devant, en ignorant la consigne de séparation d'espace. Comme il n'était pas sur la même fréquence que les hélicoptères, il ne les a pas entendus : par réflexe, il a dégagé à gauche !

    Versions et descendance

    Tout comme le S-55, le S-58 a donné lieu à de très nombreuses versions et évolutions. On mentionnera, à titre d'exemple, la version HSS-1N ou SH-34J qui comportait le premier dispositif de vol stationnaire automatique. L'hélicoptère se maintenait ainsi tout seul à une altitude de 15 m, en corrigeant l'effet des rafales.

    Le S-58 fut également fabriqué sous licence par la firme britannique Westland, sous le nom de Wessex, à partir de 1957. Les Britanniques, à l'instar du Whirlwind qu'ils cherchaient à remplacer, redessinèrent le nez du H-34 et y adaptèrent une turbine Napier Gazelle de 1450 CV puis 1600 CV. Décliné en de multiples versions, tant civiles que militaires, le Wessex fut équipé, par la suite, de 2 turbines Rolls Royce Gnome développant chacune 1350 CV.


     

    Caractéristiques techniques

    Généralités
    Constructeurs : Sikorsky (USA), Westland (GB), Sud Aviation (F)
    Premier Vol : 8 mars 1954
    Type : hélicoptère de transport mi-lourd
    Motorisation : 1 Wright R-1820-84 Cyclone de 1545 cv
    Capacité : 2 pilotes + 16 passagers
    Nombre d'appareils produits : plus de 2000
    Pays utilisateurs : USA, France, Pays de l'OTAN
     
    Dimensions
    Longueur fuselage : 14,25 m
    Longueur hors tout : 20,00 m
    Hauteur : 4,86 m
    Diamètre rotor : 17,00 m
    Masse à vide : 3815 kg
    Masse maxi : 6040 kg
     
    Performances
    Vitesse maxi : 198 km/h
    Plafond opérationnel : 2896 m
    Autonomie : 290 km

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